Pages

vendredi 2 janvier 2015

Edouard LABORNE , sculpteur dinantais.



Edouard  LABORNE   sculpteur dinantais

( Dinant  1830 - Anderlecht 1892 )








Il fut le premier directeur de l'Académie de Dinant.
(photo publiée sur le site officiel de Dinant)




Après des études à l'Académie des Beaux-Arts d'Anvers, revenu au pays, il donna des cours  de dessin et de sculpture à l'Ecole de dessin de Benjamin Devigne. Il fut remarqué par la création d'une stèle à la mémoire de sa mère (en 1868, à la mort de cette dernière). On peut voir cette oeuvre adossée au mur de l'école à la rue St-Michel.

Plusieurs de ses oeuvres furent exposées en 1911 lors d'une exposition à Namur.

Dans les années 1880, il participa à un projet de la commune de Dinant, projet quelque peu démesuré qui fut abandonné, d'élever au sommet de la Citadelle à la mémoire d'Antoine Wiertz  la réplique d'une des oeuvres de ce dernier, le groupe sculptural "Le Triomphe de la Lumière".



En 1887, il réalisa le buste du peintre Joachim Patenier  d'après un portrait fait par le peintre-graveur allemand Albrecht Dürer. Ce monument jadis élevé près d'une fontaine ombragée au centre d'une place où les gens aimaient se réunir et bavarder, a survécu aux destructions d'août 1914, contrairement aux maisons avoisinantes. La statue de Patenier semble actuellement surveiller la bonne ordonnance de quelques bancs implantés sur une vaste dalle couvrant un parking souterrain. -Voir notre blog consacré à la Place Patenier et à son illustre peintre-.
 

                
           


La place Patenier à l'ombre de ses arbres




Désormais : un parking.
(nombreuses sont les photos qui "immortalisent" cette modernisation du site)


Autre participation importante de Laborne :
Il contribua en 1890 à la création du Square du Petit Sablon à Bruxelles ( situé rue de la Régence ), jardin dessiné par Henri Beyaert en hommage aux Comtes d'Egmont et de Hornes exécutés en 1568 sur ordre du Duc d'Albe pour s'être élevés contre la tyrannie de l'Inquisition instaurée par les Espagnols. Un groupe sculptural important représente ces deux héros au fond du parc. Les colonnes de clôture du jardin au nombre de 48 sont surmontées de statuettes en bronze. Chacune de ces statuettes représente une ancienne corporation de métier et est l'oeuvre d'un sculpteur belge. La statuette des bateliers a été réalisée par Edouard Laborne, avec pour signes-symboles une rame, des cordages et une ancre.


Vue d'ensemble du Square du Petit Sablon



      Square du Petit Sablon...au fond le groupe sculptural représentant les Comtes d'Egmont et de Hornes  
  et parmi les 48 colonnes,  la colonne avec sa statuette du batelier, statuette réalisée par Laborne.


A côté de ces oeuvres officielles, E. Laborne a réalisé de nombreuses commandes pour des particuliers, essentiellement des oeuvres de petit format.

----------

Notes bibliographiques 
  • un article sur le site de la ville de Dinant
  • un article de Michel COLEAU,  La stèle Laborne, oeuvre d'art insolite du patrimoine funéraire dinantais   dans  la revue De la Meuse à l'Ardenne, n° 13, 1991, pp 61-67. 
  • nous n'avons pu prendre connaissance de l'article paru dans le journal Sous le Bulbe du 6 juillet 1969, sous la plume de celui qui se faisait appeler "Grand-Père" et qui n'était autre que le père du Père dominicain Dominique PIRE, un illustre enfant de Dinant, créateur des Iles de Paix.
   #Dinant    #E. Laborne     #B.Devigne    #J. Patenier    #A.Dürer     #A. Wiertz  
#Bruxelles  Square du Petit Sablon
#Père D. Pire et "Grand-Père".

----------







mardi 16 décembre 2014

Les passeurs de lumière : Tirtiaux, Folon & Londot

Cathédrale de Beauvais - France





"La lumière est diffuse...elle est fugace, changeante, capricieuse. Elle a toutes les ruses. Jamais tu ne seras satisfait de ton ouvrage, si beau soit-il. Jamais tu n'auras assez de couleurs dans tes casiers pour donner vie à un vitrail comme tu le souhaites, jamais tu n'auras la certitude de colorer juste comme on chante juste. Qu'importe ! Tes pas partent du feu et tu dois atteindre le feu, devenir un maître en ton art."

Bernard TIRTIAUX  Le Passeur de Lumière.                                                                      
                                                        



 La clepsydre créée par Bernard TIRTIAUX à l'occasion du bi-centenaire de la naissance d'Adolphe SAX. Elle se trouve actuellement dans la cour de l'Hôtel de Ville de DINANT
Symbole de l'écoulement du temps qui tel un fleuve, ici la Meuse, va vers son achèvement...
un instant d'éternité saisi par une photo de Philippe DEHUIT.























La cathédrale de lumière réalisée par Bernard TIRTIAUX  en 1995.
Cette cathédrale a été conçue et créée par Tirtiaux pour symboliser le centre géographique de l'Europe des 15, en 1995, dans la forêt de Oignies-en-Thiérache non loin de la petite ville française de Fumay.

 


















A la Collégiale Notre-Dame de Dinant,   la grande verrière a été restaurée par Gustave LADON
(1863-1942). Sur un décor végétal où dominent le rouge et le bleu, se "lisent" différents épisodes de la vie de la Vierge.






 Jean-Michel FOLON     (  1934 - 2005 )  et  ses vitraux dans l'église romane de Waha


Inspiré par l'histoire de saint Etienne, patron de l'église, premier martyr chrétien, FOLON a peint 6 esquisses sous forme d'aquarelles et les ateliers Loire à  Lèves (près de Chartres) collaborèrent à la réalisation des vitraux. La consécration de l'église eut lieu le 20 juin 1050 par l'évêque de Liège Théoduin ainsi que le révèle la pierre dédicatoire de l'église...Juste près de l'entrée du sanctuaire, une sculpture, un moine courbé vers la terre, la tête enfouie sous un ample capuchon, semble se recueillir et s'abîmer en prières.


 Cette église a subi de multiples transformations et restaurations au cours de son existence, et à l'extérieur et à l'intérieur. Les six vitraux de Jean-Michel FOLON, inspirés par l'histoire de saint Etienne et créés en 2003 furent rejoints en 2005 par 10 autres vitraux. Ces vitraux retraçant le martyr de saint Etienne semblent dialoguer avec ceux de Louis-Marie LONDOT, qui éclairent le choeur.

 Deux vitraux de Jean-Michel FOLON




Dans le choeur, les vitraux de Louis-Marie LONDOT




Louis - Marie  LONDOT    ( 1924 - 2010 )
Il a marqué l'art sacré namurois par ses restaurations de vitraux, de chemins de croix, de retables dans de nombreuses églises du Namurois et de la province du Luxembourg.
Il étudia à l'Académie des Beaux-Arts de Namur de 1938 à 1944 et enseigna le dessin au Collège Notre-Dame de Belle-Vue à Dinant.
Dès les années 1950, il contribua par ses vitraux à la restauration et à la rénovation de nombreuses églises : Waha, Corroy-le-Château, Beho, Merlemont, Wierde...il exécuta de nombreuses commandes de chemins de croix et de peintures destinés à orner des églises du diocèse.
En 1959, il participa à la création du groupe "Axe 59" devenu plus tard "Axe 66" et privilégia de ce fait l'art abstrait. Dans les années 80, il réalisa des oeuvres narratives où "Couleurs, lignes, formes et espace articulent un langage simple et efficace, dans la tradition des grands imagiers populaires", dit Louis RICHARDEAU dans l'ouvrage qu'il a consacré à cet artiste.


Eglise de Wierde et les vitraux de LONDOT ,




L'église de Wierde est éclairée par plusieurs vitraux de LONDOT, dont le plus récent représente le Frère Mutien-Marie et le Père Damien.




 
L'église romane St-Lambert de Corroy-le-Château , dont l'achèvement date du 18e siècle. Son  intérieur sobre a été réaménagé en 1962-63. Son chœur s'orne d'un vitrail non figuratif dû à LONDOT






Les vitraux géométriques  destinés à l'église St-Hadelin  de Celles

Dans les années 70, on envisagea la réfection des vitraux de cette église romane qui avait été sévèrement endommagée lors de la Seconde guerre mondiale. Quatre artistes avaient été pressentis dont Louis-Marie Londot; les projets de ce dernier concernaient les fenêtres de l'abside du choeur
mais les projets de ces artistes ne furent pas retenus : 31 cartons se trouvent en dépôt au Centre d'archives et de documentation  de la Commission royale des Monuments, Sites et Fouilles à Liège.



Les vitraux proposés par LONDOT




Louis-Marie LONDOT , un artiste qui est passé du figuratif à l'abstrait pour revenir au figuratif  les dernières années.

-----


Dans le Namur Magazine de mars 2011, Louis Richardeau rendait hommage à LONDOT

"De Namur à Virton, de Beauraing à Wierde, de La Roche à Waha, les superbes vitraux de Louis-Marie Londot diffusent un autre chant: celui de la forme, de la lumière, de la couleur et du mouvement...Toujours en accord avec l'art de son temps, Louis-Marie Londot aborde la polychromie...Soixante ans de créations picturales traversant tous les mouvements de la peinture du XXe  siècle...Vrai Namurois, ancien élève de l'Académie des Beaux-Arts...passeur de lumière, chantre de la vie.

     # Bernard Tirtiaux     # Jean-Michel Folon      # Louis-Marie Londot     # Vitraux    
     # Collégiale Notre-Dame de Dinant      #  Eglise de Waha,   # Eglise de Wierde,  # Eglise de Corroy-le-Château,   # Eglise de Celles .  
    

lundi 13 octobre 2014

Dinant. Une nouvelle balade à la rencontre du peintre Joachim Patenier.





Joachim Patenier   (Dinant 1485 - Anvers 1524). Après avoir franchi le pont de Dinant où s'alignent des saxophones multicolores, posés là pour rappeler aux passants et aux touristes que Dinant est la ville qui a vu naître Adolphe Sax, une longue rue - la rue Sax - nous mène à la Place Patenier où se dresse la statue du peintre.

Peintre et dessinateur, il travailla dans l'atelier de Gérard David à Bruges. Il fut l'ami de Quentin Metsijs et du peintre graveur allemand Albrecht Dürer qui en fit deux portraits dont l'un est conservé au musée de Weimar.

Portrait de Patenier par A. Dürer


La ville de Dinant a voulu perpétuer son souvenir en donnant son nom à une de ses places. Sur cette place, la statue du peintre a été érigée vers 1880, oeuvre de deux artistes dinantais. Le buste a été réalisé par le sculpteur Edouard Laborne (1830-1892), monté sur un piédestal en pierre conçu par Benjamin Devigne (1827-1894).

Buste de Patenier par Laborne


Patenier est connu notamment pour ses tableaux "Le Baptême du Christ" ( Kunsthistorische Museum de Vienne ), "Le Paysage avec saint Jérôme" ( Musée du Prado à Madrid ), "Paysage avec la tentation de saint Antoine" ( Musée du Prado à Madrid ), "La fuite en Egypte" ( Musée des Beaux-Arts à Anvers )...des tableaux où les paysages semblent avoir plus d'importance que les sujets que l'artiste a empruntés à l'Histoire Sainte, sujets qui, à la limite,ne servaient que de prétextes.




A en juger par des cartes postales anciennes, la place Patenier était une place charmante, anciennement appelée "Marché de la Fontaine", abritée par l'ombre de ses arbres. Une place conviviale où il faisait bon s'attarder près d'une fontaine alimentée par un ruisseau souterrain qui descend de la colline de Sorinnes, le Jauveland. Pierre-Lambert de Saumery, écrivain calviniste (né en France vers 1690 et mort à Utrecht peu après 1767), dans son oeuvre "Les Délices du Pays de Liège" parle d'une place publique de Dinant  ornée d'une fontaine à l'eau recommandée pour sa qualité et s'écoulant vers un bassin qui fournit en eau plusieurs tanneries du quartier. Cette fontaine était désignée sous l'appellation "La Fontaine" ou "La Fontaine du Marché" ou encore "La Fontaine des Tilleuls" à cause de deux arbres qui l'ombrageaient. Un grillage desssinait le pourtour de cette fontaine au centre duquel se dressait sur son socle, tournée vers le fleuve, la statue de Patenier.




Cette place n'existe plus.

Elle fut incendiée le 23 août 1914 de même que toutes les maisons du quartier. Des baraquements furent construits pour abriter et héberger les Dinantais sinistrés. Incendiée aussi la Maison du Peuple qui avait été fondée en 1897 et qui sera rebâtie en 1922 d'après un projet de l'architecte Fernand Brunfaut (Anseremme 1886- Bruxelles1972).




Cette place a été remplacée par un parking, inauguré le 10 mai 2012.
Dinant était à l'étroit entre son fleuve et ses rochers. Pour pallier le manque d'emplacements où les usagers et les touristes pourraient garer leur auto, on envisagea de créer un parking souterrain, un parking surmonté d'une vaste dalle-esplanade à ciel ouvert, terminée par deux rampes de lancement qui cachent la Meuse aux regards.
Dès le début, ce projet de création d'un parking en sous-sol fut vivement critiqué et au sein du Conseil communal et par des spéléologues familiarisés avec le monde souterrain de la région: les risques d'inondation existaient vu la proximité de la Meuse et la présence du ruisseau. Ces risques furent aussi dénoncés par la presse "Patenier les pieds dans l'eau", titrait La Libre Belgique, "une nouvelle piscine à Dinant en sous-sol"  titre de La Dernière Heure en janvier 2012. Par le passé, sur cette place, il y avait une fontaine, un lavoir...Le coffrage en béton prévu, les pompes pourraient-ils venir à bout de toute cette eau? et les problèmes d'humidité pour les habitations voisines?

La statue de Joachim Patenier est toujours là, mais le peintre amoureux des paysages mosans ne regarde plus vers la Meuse ; sa statue a été tournée vers la rue Sax. Elle trône au milieu de cette vaste esplanade où des bancs ont été rassemblés et disposés de telle façon qu'ils créent des espaces de rencontres comme pour re-créer "les craqueries d'antan" où s'échangeaient et se commentaient les dernières nouvelles du quartier. Cette esplanade est aussi prévue pour accueillir la foule à l'occasion de manifestations musicales ou de la retransmission d'événements sportifs.

Les vastes et longs travaux entrepris pour créer ce parking ont mis à jour, par les fouilles entreprises, des vestiges d'une Dinant gallo-romaine: un vicus, petite agglomération du 3e siècle et l'on a pu identifier un bout de route situé au croisement du fleuve avec une autre route (près de l'actuelle rue Petite) et l'emplacement de deux maisons à la façade tournée vers la Meuse. Des fragments de poteries ont également été retrouvés.

Ainsi, notre petite balade à la recherche de Patenier nous a fait parcourir des siècles et entrevoir le riche passé de Dinant et de son patrimoine.



Notes bibliographiques:
  • André Piron, "Joachim Patenier. Henri Blès"  Coll; Wallonie, Art, Histoire  1971
  • P. Saint-Amand, M. Coleau, A-S Landenne, J.B Raty, B. Tonglet, M.B. Verbeek " Dinant, un joyau du patrimoine mosan". Coll. Carnets du Patrimoine  n° 53  , 2009
  • TRACES du petit patrimoine dinantais site créé par J. Leclere  www.patrimoinemosan.net, sous la rubrique "Espace Patenier" où par les nombreuses photos exposées on peut se rendre compte de l'ampleur des travaux, de leur évolution et de l'état final du site transformé.









lundi 11 novembre 2013

Sous le grand vitrail de la collégiale de Dinant…





Collégiale de Dinant 

 Un temps d’arrêt devant une collégiale en pleine restauration …une affiche du buste reliquaire de Saint Perpète  semble vous inviter à pénétrer dans le silence du sanctuaire. Vos pas vous conduiront au pied de la grande verrière où un tableau de Perpète Evrard « Le Baptême du Christ dans un paysage mosan », datant de 1695 ne manquera pas de captiver votre regard.



 Perpète Evrard (Dinant 1662-La Haye 1727) peintre de portraits, miniaturiste, se rendit en Espagne, en Autriche, en France et plus exactement à Troyes où une œuvre du peintre français Pierre Mignard, placée au Maître Autel de l’Eglise Saint-Jean-au-Marché allait tout particulièrement attirer son attention et l’inspirer pour sa toile du Baptême. Tout en reprenant le thème du Baptême du Christ de ce peintre, l’artiste Dinantais allait s’en différencier  en accordant au paysage une importance plus grande qu’aux personnages de saint Jean-Baptiste et du Christ. De l’avis général, la scène se passe le long d’un affluent de la Meuse, avec en arrière-plan des falaises mosanes.

A l’initiative de la Fabrique d’Eglise, ce tableau jusqu’ici oublié du public vient d’être restauré par les bons soins de Madame Gail Vandenheuvel, restauratrice à Namur. Enfin rendue à la lumière cette toile toute proche des fonts baptismaux est comme sous la protection de la grande verrière. Elle est assurément une raison supplémentaire de se laisser séduire par la beauté de cette collégiale. Une collégiale qui a traversé deux guerres, s’est relevée de ses cendres et dont le clocher, aux dires de Victor Hugo, « est un immense pot à eau ».


Nous tenons tout particulièrement à remercier le Dr Christian Pacco, président de la Fabrique d’Eglise, et Mr Michel Kellner, documentaliste au CCRD, pour l’attention et l’aide qu’ils ont accordées à notre recherche.


Micheline Hanoset


Perpète Evrard, "baptême du Christ"", 1695
© Bernard Dupierreux



Maître-autel de l’église Saint-Jean-au-marché, à Troyes




Pierre Mignard "Baptême du Christ", peint en 1666